Trump a déjà supprimé le ministère de l’Éducation. Il a claqué la porte de l’OMS. Il menace de s’attaquer à la Réserve fédérale, aux agences environnementales, au multilatéralisme dans son ensemble. La prochaine cible est déjà connue : l’Organisation mondiale du commerce.
L’OMC incarne tout ce que Trump déteste. Une structure lente, consensuelle, fondée sur des règles communes et des arbitrages neutres. Elle protège les faibles contre les forts, les pays du Sud contre les excès des géants économiques, et limite les caprices des États-Unis eux-mêmes. Pour Trump, c’est un affront.
Ce n’est pas une hypothèse marginale. C’est une option sérieuse. Et parfaitement réalisable.
Un retrait possible, simple, rapide
Les États-Unis ont adhéré à l’OMC en 1994. L’accord passé à l’époque permet au président de dénoncer cette adhésion sans avoir besoin de l’aval du Congrès. Il suffit d’une notification, et d’un décret. Rien d’inconstitutionnel, rien d’extrême au regard du droit américain.
Trump a déjà exprimé son intention. En 2018, puis en 2019, il accusait l’OMC de favoriser la Chine, de pénaliser les États-Unis et de ralentir leur puissance. L’idée d’un retrait est donc ancienne. Elle est aujourd’hui cohérente avec l’ensemble du Project 2025.
Une stratégie cohérente avec le Project 2025
La doctrine est simple : remettre en cause tous les engagements multilatéraux, restaurer la souveraineté juridique américaine, imposer au monde une diplomatie purement transactionnelle.
Le Project 2025 propose une reconquête autoritaire des rouages du pouvoir économique. L’OMC, dans cette logique, n’est pas un acteur neutre, mais un agent de l’idéologie globaliste. Elle doit être mise hors-jeu.
Trump ne cherche pas à réformer l’organisation. Il cherche à s’en libérer.
Le monde après l’OMC
Si les États-Unis sortent de l’OMC, l’impact sera immédiat. Le système multilatéral perdra son pilier. Les tribunaux d’arbitrage s’effondreront. Les différends commerciaux seront traités par la force, ou pas du tout.
Les États membres ne seront plus protégés. Le Canada, le Japon, l’Allemagne ou la Corée ne pourront plus contester les décisions unilatérales américaines. Les pays africains perdront le seul espace où ils pouvaient défendre leurs intérêts face aux grandes puissances. Les exportateurs du Sud seront livrés à eux-mêmes.
L’Europe, déjà affaiblie par sa dépendance énergétique et industrielle, verrait son modèle commercial imploser. Les règles seraient remplacées par les deals. Les contrats deviendraient les nouvelles constitutions. Et les États-Unis réécriraient la hiérarchie économique mondiale à leur manière : brutalement, unilatéralement, sans contrepoids.
Une exécution plus qu’un départ
Trump ne veut pas quitter le monde. Il veut en redessiner les contours. La sortie de l’OMC ne serait pas une fuite, mais une opération. Ce ne serait pas un repli. Ce serait un assassinat politique. Rapide. Légal. Mortel.
Ce qu’il propose, ce n’est pas l’isolationnisme. C’est le règne du plus fort, sans modérateur. Un monde sans règles, où le commerce devient une arme diplomatique. Une diplomatie du chantage, de la faveur, de l’humiliation.
Et comme toujours avec Trump, il ne s’agira pas d’un long discours. Un papier. Une signature. Un tweet.
Le reste suivra.