STARGATE, L’ORDINATEUR QUANTIQUE ET LA RÉVOLUTION DU CONTRÔLE FINANCIER ET BIOTECHNOLOGIQUE

Jean Frantzdy
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L’argent n’a jamais été un simple outil d’échange. Il a toujours été un levier de contrôle, un moyen de régulation sociale, un instrument de pouvoir. Aujourd’hui, il entre dans une nouvelle phase, où sa gestion ne relève plus uniquement de l’économie, mais de la biopolitique, de la surveillance algorithmique et du gouvernement des comportements. Ce basculement repose sur trois piliers : l’intelligence artificielle, la blockchain programmable et surtout, l’ordinateur quantique. Loin d’être un simple progrès technologique, cette transformation signe l’entrée dans une économie entièrement traçable, régulée, conditionnée, où l’individu n’a plus de prise sur sa propre monnaie ni sur sa propre biologie.

Les États-Unis l’ont compris et l’ont formulé clairement dans le rapport Make America the Biopower du Center for a New American Security (CNAS). La domination ne passera plus uniquement par la force militaire ou la suprématie économique, mais par le contrôle total de l’information, de la biologie et des transactions monétaires. Stargate s’inscrit dans cette logique. Ce n’est pas qu’un projet de modernisation des infrastructures financières, c’est une refonte complète du système monétaire mondial, où chaque transaction est analysée, chaque échange soumis à validation, chaque individu réduit à une empreinte économique conditionnée.

Stargate n’est pas un simple réseau bancaire, mais une infrastructure technologique de grande envergure. L’initiative, annoncée en janvier 2025, est le fruit d’une collaboration entre OpenAI, SoftBank, Oracle et MGX, avec un investissement initial de 100 milliards de dollars, potentiellement extensible à 500 milliards d’ici 2029. Son objectif est de créer un écosystème intégré, combinant calcul quantique, intelligence artificielle, blockchain et cybersécurité avancée. Loin d’être une simple infrastructure financière, Stargate se veut le cœur d’un futur technologique sous contrôle américain.

Pour rendre cela possible, il fallait un outil qui dépasse les limitations du système financier actuel. Ce sera l’ordinateur quantique. Jusqu’ici, Bitcoin et les cryptomonnaies se protégeaient derrière des protocoles de chiffrement réputés inviolables. Mais ce qui nécessitait des milliards d’années de calcul sur un ordinateur classique sera bientôt résolu en quelques minutes. L’ordinateur quantique brise le pseudonymat, récupère les clés privées, remonte tout l’historique des transactions, effaçant d’un trait l’illusion de l’anonymat financier.

L’intégration de l’IA et du calcul quantique dans les transactions monétaires signifie que l’argent n’est plus simplement une ressource, mais un élément conditionné, modifiable, programmable. Chaque individu est intégré à un méga-réseau de données, où ses habitudes de consommation, ses flux financiers et même ses comportements physiques et biologiques sont analysés en temps réel. Ce biopouvoir monétaire repose sur une structure où le capital et l’identité biologique ne font plus qu’un.

Cette convergence entre finance et biologie s’accentue avec l’arrivée de l’intelligence artificielle dans la biotechnologie. Des entreprises comme Nvidia, Google et Microsoft ont investi massivement dans des technologies capables d’exploiter les données biologiques pour concevoir de nouveaux traitements, simuler des structures moléculaires et même conditionner l’accès à la médecine. Nvidia, par exemple, a injecté 50 millions de dollars dans Recursion, une entreprise spécialisée dans la découverte de médicaments via l’IA. Google DeepMind a développé AlphaFold, un programme capable de prédire la structure des protéines, ouvrant la voie à des traitements hyper-personnalisés. Microsoft et Amazon, de leur côté, investissent dans la conception de protéines et la manipulation génétique via des modèles d’IA avancés.

Si ces avancées promettent des révolutions médicales, elles posent aussi une question cruciale : qui contrôle ces infrastructures et quelles sont leurs implications politiques ? En combinant monnaie programmable et identification biologique, on franchit un cap dans la gestion des populations. Avec les monnaies numériques de banques centrales (CBDC), l’État peut conditionner l’accès aux soins, ajuster les assurances santé en fonction des données biologiques et même imposer des restrictions financières basées sur le profil médical d’un individu.

Cette transformation ne se limite pas à la finance. Elle s’inscrit dans un processus plus large, que Michel Foucault décrit à travers trois concepts fondamentaux : le pouvoir disciplinaire, le pouvoir-savoir et la biopolitique. Stargate en est l’aboutissement.

Le pouvoir disciplinaire repose sur la surveillance et l’autocensure. Inspiré du panoptique de Bentham, il impose une structure où l’individu, conscient d’être observé, ajuste de lui-même son comportement pour se conformer aux normes. Avec Stargate, ce modèle s’applique directement à l’argent et à la santé : chaque transaction et chaque donnée biomédicale deviennent des points de contrôle, chaque dépense ou diagnostic un signal analysé, chaque choix économique ou médical une donnée évaluée en fonction des critères définis par l’État et les grandes entreprises technologiques.

Le pouvoir-savoir va encore plus loin. Foucault explique que le pouvoir ne se contente pas d’utiliser le savoir, il le produit, il définit ce qui est connaissable et ce qui ne l’est pas. Aujourd’hui, les États et les grandes entreprises façonnent non seulement la structure du marché financier, mais aussi celle de la biologie humaine elle-même. Qui a accès aux soins ? Quels traitements sont autorisés ? Qui peut payer pour des médicaments expérimentaux ? Ces décisions ne seront plus uniquement médicales ou économiques, mais conditionnées par des algorithmes analysant en temps réel le statut social, financier et génétique de chaque individu.

Enfin, la biopolitique parachève ce modèle en intégrant l’identité biologique dans l’économie elle-même. Avec l’introduction du paiement par empreinte digitale, scan rétinien ou séquençage ADN, la monnaie devient indissociable du corps humain. Chaque individu est un identifiant économique unique, surveillé, enregistré, et dont l’accès aux ressources dépendra de sa situation biométrique et comportementale. Le capital ne sera plus seulement une question de richesse monétaire, mais d’adéquation aux normes de santé, de productivité et de comportement définies par l’État.

Nous assistons à la transformation définitive du capitalisme en un système de contrôle total. Ceux qui contrôlent l’infrastructure monétaire et biotechnologique ne régulent plus seulement l’économie, ils régissent directement les comportements humains et biologiques. L’argent n’est plus un bien personnel, c’est un crédit d’accès, un outil de conformité, un mécanisme de gestion algorithmique des populations.

Le futur de la finance et de la biologie n’est pas une question de progrès technologique, c’est l’émergence d’une structure de pouvoir intégrale, où l’argent et la vie même deviennent des variables ajustables en fonction d’algorithmes et de décisions politiques.

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J. Frantzdy est un analyste politique et géopolitique, fondateur de Hume.Media et créateur du concept Sentinélisme, mais il se décrit comme Filostreamer. Avec son style sarcastique et cynique, il décrypte l’actualité sans concession, mêlant ironie mordante et rigueur analytique. Actif sur TikTok (226K abonnés) et d’autres plateformes, il aborde des sujets complexes avec une approche stratégique et stoïque, s’appuyant sur le rapport de force comme clé de lecture du monde. Ses vidéos oscillent entre humour noir et réflexion profonde, tout en incitant à penser par soi-même. Créateur du format MVM4, il déconstruit les discours dominants avec une grille d’analyse en quatre mouvements : Observation, Identification, Fragmentation, Association/Défragmentation. Sa maxime : "On va tous mourir, oui, mais pas tout de suite."
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