Les élites cosmopolites, aveuglées par leurs idéaux égalitaristes, se demandent, perplexes, comment un homme comme Donald Trump peut encore fasciner autant d’Américains et de citoyens du monde. Mais ce qu’elles ignorent — ou feignent d’ignorer — c’est que Trump n’est pas simplement un homme politique controversé. Il est la réincarnation d’une idéation brute, un retour aux fondamentaux de la force, du pragmatisme, et du réel, une réponse viscérale aux illusions bien-pensantes et à l’idéalisme galvaudé des dernières décennies.
Le poids de la culpabilité américaine et la réplique de Trump
La présidence Obama, marquée par une culpabilité héritée de l’ère Bush, avait plongé l’Amérique dans une quête de rédemption. La superpuissance, autrefois incontestée, cherchait le pardon en adoptant un relativisme affaiblissant, offrant une main tendue et des excuses au monde entier. Mais face à la montée en puissance d’une Chine ambitieuse, qui n’a que faire de la faiblesse idéologique occidentale, cette vision s’est révélée être une insulte pour Xi Jinping. La Chine n’est ni l’Irak ni le Vietnam : elle ne se plie pas au relativisme culpabilisateur. Le Belt and Road Initiative (BRI) fut la réponse de Pékin, un défi mondial à l’hégémonie occidentale.
Et puis vint Trump, rappelant avec force que l’Amérique n’a pas à s’excuser d’être forte. America First n’était pas un simple slogan ; c’était le signal de la réaffirmation des États-Unis comme leader mondial, sans honte et sans compromis. Trump a balayé le relativisme et redonné à l’Amérique la volonté de domination — comme pour dire que la puissance ne demande pas pardon, elle impose.
L’occident étouffé par le relativisme et l’égalitarisme des idées
Pendant ce temps, l’Occident, lui, est englué dans une idéation égalitariste et relativiste. Désormais, on met sur le même plan des ennemis de nature radicalement différente, sous prétexte d’équité : l’État d’Israël est jugé comme équivalent au Hamas, un groupe terroriste. Cette inversion du réel — où l’idéologie passe avant la réalité concrète — empoisonne la perception du monde et plonge l’Occident dans un gouffre d’inaudibilité.
Des mouvements comme #MeToo et les causes woke exacerbent cette confusion en martelant une égalité où tous doivent être perçus sous un prisme unique de victimes ou d’agresseurs, de dominants ou dominés. Mais cette égalité dogmatique nie la nature fondamentale des forces en jeu. C’est la voie d’un nouvel eugénisme moral, où le réel est tordu pour satisfaire des idéaux. Trump, en rejetant ces valeurs, rappelle que les vérités absolues et les rapports de force existent, et qu’ils sont, en fin de compte, nécessaires pour maintenir une cohérence et un équilibre dans le monde.
La révolte des oubliés : quand l’élite dédaigne les forces brutes
Dans ce contexte, la société occidentale se fracture. Les diplômés urbains, confortablement installés dans leurs tours d’ivoire, se considèrent comme les détenteurs de la vérité et de la justice. Leur discours inclusif et respectueux des minorités se présente comme l’apogée de l’ouverture d’esprit, mais il laisse de côté les ouvriers, les oubliés, ceux qui n’ont que leur force physique pour exister. Ces élites dédaignent le nationalisme et rejettent la pensée brute des ouvriers, jugée trop franche et trop directe pour leur goût de subtilité.
Pour les classes ouvrières, en revanche, le corps est leur outil, leur force brute est leur pouvoir. Ils vivent chaque jour la dureté du réel, et pour eux, les promesses intellectuelles ne résonnent pas. Ces gens ne veulent pas être “cosmopolites” ; ils veulent être reconnus pour ce qu’ils apportent. À l’image du personnage d’Octavio dans Le Voyage d’Octavio de Miguel Bonnefoy, dont les cuisses robustes et l’endurance physique sauvent un village lors d’une inondation, ces hommes et femmes attendent qu’on valorise leur courage, leur utilité essentielle.
Trump : le réel contre le château de cartes idéologique
Face à cela, Trump devient la voix de ces oubliés. Il représente cette force simple, directe, celle que les élites ne comprennent pas. Contrairement aux politiciens en costume-cravate qui parlent de valeurs inclusives et d’idéaux globaux, Trump incarne la force tangible, celle qui se mesure, celle que l’on ressent. Il parle de puissance, de domination, de progrès scientifique non pour plaire, mais pour s’imposer. La science, pour Trump, est une arme de conquête et non un gadget cosmopolite. Il est l’écho du “vrai”, du “basique”, de la confrontation avec la vérité brute — que l’idéalisme égalitariste tente sans cesse d’éluder.
La vérité brute du réel
Le triomphe de Trump est le triomphe de l’authenticité contre l’illusion. C’est l’Amérique qui se réveille d’un rêve confus et se rappelle que le monde ne fonctionne pas sur des idéaux, mais sur des forces. Trump est ce rappel en chair et en os que le réel, avec ses rapports de domination et ses vérités fondamentales, ne se plie pas à la bien-pensance. Ce que beaucoup perçoivent comme de la brutalité est, en réalité, un retour aux valeurs qui forgent la survie et la force d’une nation. Car dans ce monde d’idées éthérées, parfois, la vérité brute et tranchante est tout ce qu’il reste pour survivre.
Avec Trump, ce n’est pas seulement un homme qui gagne ; c’est le retour d’un réalisme brut, celui qui rappelle à l’Occident qu’il doit, pour survivre, cesser de se perdre dans ses illusions et renouer avec la puissance du réel.