Alors que la Chine s’impose comme une superpuissance mondiale, elle suscite des sueurs froides un peu partout dans le monde, surtout dans l’Indo-Pacifique, où elle semble avoir décidé que la discrétion, c’est pour les faibles. Le rapport de la RAND Corporation, Fighting Abroad from an Ally’s Land: Challenges and Opportunities for U.S. Forces in the Indo-Pacific (téléchargeable ici), nous plonge dans les affres des dilemmes militaires américains. Spoiler : la Chine fait peur, et il va falloir composer avec. Allez, c’est parti pour un tour d’horizon des bases américaines, des accords qui tiennent tout ça ensemble avec du scotch, et des raisons pour lesquelles la Chine joue au grand méchant loup. Petite touche en plus : on jette un regard amusé sur l’histoire coloniale, parce que, devinez quoi, l’Occident a peut-être créé son propre miroir. Ironie, quand tu nous tiens.
Forces américaines en Indo-Pacifique : des bases ici, là et partout, pour faire comme si tout allait bien
Les États-Unis, parce qu’ils aiment bien être partout, ont des bases dans quelques coins stratégiques de l’Indo-Pacifique. Pratique, non ? Surtout quand on a besoin de rappeler aux voisins qu’ils ne doivent pas trop jouer avec le feu (ou les missiles). Voici les chiffres, pour que vous sachiez combien d’Américains traînent dans les parages.
- Japon :
- Effectif : 53 973 soldats américains (avec un petit bonus de 61 009 si on compte les civils et la Garde nationale, parce que plus on est de fous…).
- Villes principales : Okinawa (Kadena Air Base), Yokosuka (le port du beau USS Ronald Reagan), Misawa, Iwakuni.
- Accords : Traité de coopération mutuelle (1960), Status of Forces Agreement (SOFA), et d’autres jolis arrangements pour éviter trop de remous politiques quand l’Amérique débarque avec ses gadgets militaires.
- Corée du Sud :
- Effectif : 25 372 soldats, dont 16 765 courageux membres de l’armée de terre.
- Villes principales : Pyeongtaek (Camp Humphreys), Osan (base aérienne), Daegu (Camp Walker).
- Accords : Mutual Defense Treaty (1953), SOFA, Strategic Flexibility (en gros, l’Amérique a le droit de bouger ses pions où elle veut, mais c’est toujours un peu tendu).
- Philippines :
- Effectif : 225 soldats en rotation, juste assez pour garder le moral des Marines au beau fixe.
- Villes principales : Manille, Pampanga (Clark Air Base), Subic Bay, Palawan (les plages, c’est sympa, mais on est là pour des choses sérieuses, voyons).
- Accords : Mutual Defense Treaty (1951), Visiting Forces Agreement (VFA), Enhanced Defense Cooperation Agreement (EDCA), pour que les soldats ne soient jamais trop loin d’un mojito local.
Recommandations : comment éviter la crise en cinq étapes faciles (ou pas)
Le rapport de la RAND, c’est un peu comme un guide de survie pour l’Oncle Sam et ses amis asiatiques. Voici ce que les généraux conseillent pour que tout roule, ou du moins que ça n’explose pas tout de suite.
- Japon : Multipliez les exercices militaires et les rotations d’entraînement pour que la présence américaine paraisse aussi normale que celle du saké dans un izakaya. Et si vous voulez éviter de froisser trop de monde, envoyez d’abord les cyber-unités et les drones, et gardez les gros missiles pour plus tard, quand les tensions auront bien monté.
- Corée du Sud : Augmentez l’effectif au-delà du “plancher” actuel de 28 500 soldats. Pourquoi ? Parce qu’on ne sait jamais, et plus on est nombreux, plus ça dissuade. Astuce : faites passer toutes vos demandes de déploiement pour des mesures contre la Corée du Nord. “Non, non, ce n’est pas pour la Chine… C’est juste pour Kim Jong-un !”
- Philippines : Utilisez l’accès rotatif pour maintenir une présence continue, histoire que personne n’oublie que les États-Unis sont toujours là, prêts à intervenir… ou à boire une bière avec Duterte (ou son successeur). N’oubliez pas de mettre en place une bonne campagne de communication pour montrer combien la présence américaine aide l’économie locale (même si tout le monde sait que c’est surtout pour contrer la Chine).
Pourquoi la Chine fait-elle flipper ? 8 bonnes raisons d’avoir un peu chaud sous le col
- Expansion militaire : La Chine n’a pas lésiné sur les missiles, les porte-avions et autres jouets high-tech. Avec la plus grande flotte du monde, elle montre clairement qu’elle n’est plus là pour rigoler.
- La mer de Chine méridionale : Vous aimez les récifs ? La Chine aussi, surtout ceux qui lui permettent de contrôler des routes commerciales gigantesques et d’installer des bases militaires sur des îles artificielles. Un petit avant-goût de la colonisation moderne, en quelque sorte.
- Pression économique et politique : La Chine a déjà montré qu’elle pouvait briser des reins économiques. Demandez à la Corée du Sud après l’affaire du THAAD, ou à l’Australie après avoir osé suggérer une enquête sur le COVID-19.
- Diplomatie du “loup combattant” : Les diplomates chinois n’y vont pas par quatre chemins : si vous critiquez la Chine, attendez-vous à une réponse cinglante (et pas seulement sur Twitter).
- Taïwan : Pékin considère Taïwan comme une province rebelle, et une invasion n’est pas exclue. Si ça arrive, les États-Unis devront décider s’ils veulent s’impliquer, avec un risque de conflit majeur. Bref, ça sent la poudre.
- Expansion mondiale : L’initiative Belt and Road (Nouvelle Route de la Soie) ressemble à un gros Monopoly : la Chine construit des infrastructures partout, en échange d’influence politique et économique. Les nouveaux empereurs, c’est eux.
- Cyberguerre et surveillance : La Chine est championne des cyberattaques et du développement de technologies comme la reconnaissance faciale. Pas de surprise ici : elle veut être au sommet dans tous les domaines, y compris le contrôle des populations.
- Soutien aux régimes autoritaires : La Chine aime bien soutenir ses amis autoritaires, que ce soit en Corée du Nord, en Birmanie ou ailleurs. Le message est clair : si vous êtes contre la démocratie, vous êtes avec nous.
Effet miroir : La Chine et l’Occident, un jeu de reflets historiques
Vous avez dit ironie ? Eh bien, l’Occident pourrait bien avoir créé un monstre à son image. Dans le passé, l’Europe et les États-Unis se sont imposés en Asie avec leur lot de “traités inégaux” et de canonnières. Le Japon, par exemple, a dû ouvrir ses ports sous la menace des navires américains dans les années 1850, et la Chine a été forcée de signer des accords humiliants après les guerres de l’opium.
Aujourd’hui, c’est au tour de la Chine de jouer le rôle de l’expansionniste, en inversant les rôles. Avec ses bases militaires dans la mer de Chine méridionale et ses investissements massifs dans le monde entier, Pékin semble bien avoir appris des leçons du passé. L’Occident, qui a longtemps dominé ces régions, se retrouve face à son propre reflet : une Chine qui réécrit les règles du jeu mondial, mais cette fois à son avantage.
La montée en puissance de la Chine dans l’Indo-Pacifique est source d’inquiétudes majeures pour les États-Unis et leurs alliés. Entre la pression militaire, les ambitions territoriales et les manœuvres économiques, le dragon asiatique a de quoi faire transpirer les stratèges américains. Et pourtant, à bien y regarder, la Chine ne fait que reprendre une page du vieux manuel occidental d’expansion impérialiste. La roue tourne, et l’Histoire, comme on le sait, aime bien se répéter.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le rapport complet de la RAND ici.